Jeudi 4 juin 2009 à 22:37
Il y a l'amour, mais pas que. Il y a le plaisir. Mais pas que. Pourtant on dirait qu'on ne vit que pour ça. T'as raison Marie. Ce serait tellement simple qu'il n'y est que ça. Mais tout autour il y en a de la merde. Est ce qu'on peut espérer, un jour dans sa vie, ne vivre que pour ça ? N'avoir que ça ? Aimer, se savoir aimé. C'est tellement cliché. Et pourtant c'est ce dont il faudrait être sur. Ne pas en douter. Jamais. Et pourtant. Il y a toujours quelque chose qui vient nous faire douter. Il y a ce que machin dit sur truc, que bidule répète. ça gonfle, ça gonfle. On ferme tous ça gueule jusqu'au moment où ça devient trop et où il faut parler. Les choses seraient tellement simples. Mais peut-être que le plaisir n'existerait pas, s'il n'y avait pas, à côté, l'horreur, le drame, la solitude et la tristesse. La connerie aussi. En philo, en terminale, on nous a demandé ce qu'était le bonheur, existerait-il sans le malheur ? On ne nous a pas donné de réponses. Les sciences donnent des réponses mais là, elles sont incapables. Ce que chacun voudrait savoir n'a pas de réponse. Le reste ? Qu'elle importance ? Tout ça me trotte dans la tête parce qu'on en parle, toutes les 2, assises sur les quais, devant l'eau qui passe. J'essaye d'imaginer. De comprendre. On est tellement septiques. On a envie de voir la suite. Voir ce que ça va donner. ça donne envie d'avancer, rien que pour savoir ce que la vie va bien pouvoir nous réserver. On est comme dans un film, c'est vrai. On est là, deux jeunes filles, un peu rebelles, par les mots, au bord de l'eau, en train de parler de ce qu'on ne comprends pas. De ce que la vie met sur notre route et qu'on ne comprend pas. On se dit que plus tard on comprendras. Qu'un jour il n'y aura plus que des réponses. Je le sais parce que les vieux ne regardent plus autour d'eux comme nous, à la recherche de réponses. Ils les ont déjà. Ils n'ont plus besoin de regarder la personne en face d'eux dans le métro dans les yeux pour savoir si elle leur ressemble : il le savent déjà. Alors quand on voit un vieux couple main dans la main, quand on voit deux vieux rire ensembles, on se dit qu'on va essayer, nous aussi. De faire quelque chose. On s'interroge mais on sait grâce à eux que ça vaut le coup. Que c'est beau. Que parfois il n'y a que l'amour et le plaisir.
Il y a Magritte ce soir à la télé, et puis avant c'était Douches Froides : ces ados qui se perdent et les mots paisibles du documentaire m'ont donné envie de philosopher.
René MAGRITTE, Portrait d'Edward James, 1937,
huile sur toile, 75 x 65 cm,
Boymans-van Beuningen Museum, Rotterdam.