a-contre-courant

Perdue au hasard des mots.

Mardi 29 mars 2011 à 11:10


Je te veux comme un néant
Comme une effusion d'optique
A bout d'aile et sans te savoir
A ne t'avoir que mille fois je glousse
Cent fois encore et je souffle

 


 

Tu es moi et plus que nous deux il y a d'eux
Autour du monde ma tête vacille à ton axe
Les mentes dévorent

Religieuses douceurs
Immuables sauterelles


 

De ton délice les mots me brûlent en un seul geste
A moi ton corps songe et transperce mon temps
Je suis à toi et je te prends tout entier sous mon corps

Que tu me mordes et m'exaspère
De ton absence irréelle, insoumise, immuable


 

http://a-contre-courant.cowblog.fr/images/2203BergesduRhone47.jpgLes bowl - Lyon - Mars 2011 - AlX

Jeudi 24 mars 2011 à 21:55

Il fallait juste trouver le mot, le bon mot. Le mot qu'il faut. Il aurait même mieux vallu en trouver plusieurs. Une ribambelle, pour dire ce qu'il fallait. Pour s'entendre. Se comprendre. On espère toujours qu'il n'y ait pas besoin des mots mais à un moment où à un autre il faut les sortir. Se lancer, balancer ce qu'on à sur le coeur. C'est ce que je déteste. "J'voudrais jouer la fille de l'air, laisser ma casquette au vestiaire". Eh bah non. Makach. Pas possiiiible. Y a toujours un moment où ça redevient sérieux. Où on joue ses plumes. Plumes à la con. Oiseau de malheur. Il fou de méchants coups d'ailes dans ma cage thoracique, les côtes cèdent. ça fait un mal de chien. Satané clebs. 

 
 

Jeudi 17 février 2011 à 12:05

Trouvée, la vie qu'on veut ! Le monde plein de gens comme nous. Et aussitôt ressortie de là, dans le monde réel, j'entends déjà ce qu'on dit de cette vie là, de ces lieux, de ces gens. J'entends les clichés et les morales revenir au galop me bourrer le crâne.

"We are alive, you are dead" , c'est écrit sur le train qui nous ramène à la raison.

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Ljubljana - Janvier 2011 - AlX

Pour se protéger de cette débauche de jouissances sans barrière sinon les limites de nos imaginations on invente des dangers à tout ça, on stigmatise cette vie-là, on la boycotte, lui enlève tout son sens, on en fait un danger, uen perversion, un jeu lourd de conséquences. Comme si ça devait forcément être dangereux d'être libre et ailleurs que dans ce monde qu'on a construit autour de nous, comme si ça avait forcément des conséquences irréversibles.


Et quand je recopie ces mots aujourd'hui, encore plus loin de tout ça, je les sent foireux. Je voit quand les lisant vous sourirez. Pourtant ils m'avaient semblés tellement vrais. Mais dans la vraie vie tout ça parrait illusion, foutaise. S'il y avait bien un paradis ça se saurait. Tout le monde irait ! Ils doivent avoir des problèmes aussi, comme tout le monde. C'est fou je tisse moi même la barrière qui m'interdit ce monde-là. Mais je sais qu'il existe, quelque part. Il y a d'autres choses. Elles sont pas forcément roses, mais je les préfères.

Jeudi 17 février 2011 à 11:53

Arrivée à Zurich, on a voulu faire du stop, jusqu'à Genève. L'air était glacial et brulait nos pieds. Personne ne voulait de nous. Un type nous prend pour quelques kilomètres, on est en plein campagne maintenant. On a encore plus froid, on a envie de bouffer, de dormir dans un vrai lit. Une p'tite femme s'arrête, la cinquantaine bien tassée, les yeux rieurs, maquillée comme un pot de peinture. Elle parle allemand et un tout petit peu de français mais elle est adorable. Elle sourit toujours, fait des blagues dans son mauvais français, avec son accent c'est encore plus drôle. Quand elle comprend qu'on compte aller jusqu'à Genève elle dit qu'on y arrivera jamais, que c'est trop long, qu'il fait trop froid. Et elle fait un truc complêtement fou : elle se gare sur un parking, sort de sa voiture, nous on l'attends. Elle revient avec un billet de 100francs qu'elle nous tend. Elle dit je vais vous poser à la gare vous pourrez acheter un billet. On refuse et puis elle insiste on fini par accepter, ça lui fait plaisir. Elle dit que sa fille voyageait beaucoup et que des gens ont été gentils avec elle alors c'est à son tour d'être gentille avec les filles des autres. En quelque sorte. On la remercie mille fois et on prend le train. On a pas assez pour payer tout le trajet alors on décide de faire semblant de dormir, pour que personne nous emmerde. D'abord on bouffe nos restes : un bout de gros pain de campagne, du fromage et du sauc' slovène puis un yaourt. Et puis on s'endort pour de vrai jusqu'à Genève. 
 

A Genève nous attendent aussi de sacrés numéros, des potes de Carmen qui nous hébergent. Et puis on va à la Tortue, pour tester les enceintes qu'ils ont fabriquées. Du coup mini-sound system rien que pour nous : du gros son fait maison plein les oreilles. On est dans un espèce de squat une fois de plus et le sol et les vitres vibrent et mon cerveau s'endort tout doucement de fatigue, malgré les basses. Rentrés chez eux, on continue avec un petit tour du monde musical, on bouffe des pizzas. J'avais l'impression de m'évaporer, j'arrêtais pas de penser au fait que je m'évaporais. A cause de la fatigue et de tout le reste. A force de m'endormir sur moi même assise sur une poire dans la chambre, ils me sortent un matela et je m'endors à côté d'eux, ils écoutent de la musique et discutent pendant encore des heures. ça me berce, malgré les basses qui m'enflent les oreilles.

Jeudi 17 février 2011 à 11:31


On est dans le train, train de nuit Ljubljana-Zurich. On essaye de rassembler nos idées, on baigne dans un espèce de mélange d'une foule de souvenirs, tous un peu fous ou complêtement même. Je revoit surtout notre dernière soirée. En trois ou quatre temps.
 
Notre schtroumf joyeux, complêtement dans les vapes, assis dans un coin de la "boîte" de Mételkova, à rouler des joints, posé comme sur un petit nuage. On le voit, on s'approche, je m'assoie tout à côté de lui, Carmen en fasse. Il parle pas beaucoup. Il est comme un ours, qu'on aurait envie de serrer dans ses bras. Il a toujours ce petit sourire sur la gueule. Il a l'air parfaitement bien sauf qu'il roule joint sur joint, nerveusement. Il fini par nous demander "do you like cookies ?". Innocemment on dit oui. Il nous file un petit gateau chacune, en prend un pour lui. Décollage immédiat. Pour l'enfance éternelle. On a trois ans on dirait. On est innocents, inconscients et complêtement débiles mais c'est très drôle. Et puis j'ai très peur de tout et de n'importe quoi mais s'en est drôle aussi. On joue à cache-cache avec Ulrosh, on danse avec Vladov et on fait un squetsh qui rend tout le monde complêtement hilare. Et puis on s'allonge par terre, pour mieux penser.

Ensuite, c'est le décors de cinéma, à Rog : des couleurs en foule, tellement nettes que ça ne ressemble plus à la réalité, ce mur, bleu et jaune avec des gens en ombre chinoise, comme des figurants défilant devant cette fantaisie de couleurs.

 
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Et puis enfin, cette immense porte d'usine, rideau de fer totalement ouvert sur un grand couloir marron. On fini par s'enfoncer dans le couloir, un peu hésitantes, toujours perchées. Personne n'a voulu nous dire ce qu'il y avait ensuite alors on est un peu inquiètes, surtout moi. Bref, ensuite j'ai l'impression que c'est sous terre mais pas le souvenir d'un escalier, une pièce géante, murs peints en noir : une vraie boîte de nuit complêtement artisanale et underground ! Des fils fruorescent pendent du plafond, le Dj est dans un trou dans le mur, une sorte de niche avec des tentures et une déco kitsch, une sorte d'assiète fluorescente rose avec Jésus ou Boudha ou quelqu'un comme ça dedans. 

 

Jeudi 17 février 2011 à 11:07

 Ici : l'appartement de Juljian. Ils sont endormis sur le canapé, il y a les Pink Floyd. 

Juljian c'est ce type aux airs de hippie, qui portait un pat' d'éph' et un gilet sans manche à carreaux mercredi soir. 
L'apart' c'est celui de sa grand mère, dans la banlieue. Il a des allures très rétro, lui aussi. 

Dans le salon où nous nous trouvons, une lampe en osier diffuse la lumière en petits carrés psychédéliques sur le plafond. Il y a des tableaux de son père et de son oncle au mur, on dirait des matisses, des toiles futuristes. Il y a un tableau magnifique, de sa mère, à base de carrés verts, et beiges, ça forme un paysage léger, flottant. Il y a quelques masques africains, un tapis indien, de vieux livres slovènes et une guitare électrique dans un viel étui en velours gris. 

Et moi j'écris. J'ai envie de m'endormir aussi mais j'ai aucune envie de fermer les yeux sur tout ça. J'veux les garder bien ouverts, jusqu'à être rentrée à la maison. J'voudrais pas rater les miettes ! 


Tout à l'heure, on est partis loin de notre égotrip, vers un trip "country side" (avec l'accent s'il vous plait). En voiture on voit les choses autrement. On prend un grand bol d'air en haut d'une colline, on contemple tout, l'air glacé sur nos têtes et les pieds dans la neige. Et puis on s'endort presque dans la voiture, avec Jimmy Hendrix, un putin de smile sur la gueule. Juljian conduit et parle de tout et de rien de son anglais parfait de petit bonhomme parfait. 

Mardi 8 février 2011 à 11:21

On est devant le Rog, Tovarna Rog, c'est un squat, qu'on a découvert cet après-midi. On marchait pour aller à Metelkova, un autre squat qu'on nous avait conseillé, un endroit éblouissant. Une ancienne prison, ou caserne militaire, quelque chose comme ça, avec des petits bâtiments à un seul étage, les murs pleins d'art brut, d'art libre à en couper le souffle, ce sont des cours, comme des rues, où les gens passent d'ailleurs comme dans d'autres, avec ces petits bâtiments tous plus incroyables les uns que les autres. Bref, on tombe sur Tovarna Rog, un endroit beaucoup plus petit. Une minuscule ouverture colorée au milieu des tags nous invite à entrer. On tombe sur une cour, c'est beaucoup plus intime que Metelkova, un peu plus crad, moins rangé mais plein de petits recoins avec des tags, des fresques, des sculptures, des objets qui sont devenus art. Quelques mecs discutent dans un coin, en Slovène bien sûr. On fait le tour, on en prend plein la gueule, on s'éblouit de ce lieu en train de naitre. Un des types nous branche, en anglais. Il fini par nous proposer de revenir le soir-même, y a un petit concert derrière la porte rouge, il nous explique.

Voilà pourquoi on est là, ce soir, assises devant Rog, avec un type qu'on vient de rencontrer. A force de discuter, on a une heure avant le début du "concert", on découvre sa vision de la France, pays de Révolutions, qu'il pense. Pays des chevaliers aussi. Il en est un. C'est ce qu'il dit.

Après, on fini par rentrer dans la porte rouge. Derrière il s'avère que c'est un salon. Sept personnes sont là. Un chevelu au pantalon orange, très beau derrière la batterie une grande et fine brune, tout à côté, qui chante sans paroles d'une voix envoutante des onomatopées étranges. Un autre chevelu, lunettes sur le nez, l'air résolument sérieux derrière le clavier. Le dernier musicos c'est un blond, cheveux courts, un peu ronds et plus jeune que les autres. Il nous jette des regards en coin et joue de la basse, calmement en grillant cigarette sur cigarette.

Nous, on s'assoie sur un canap' à côté d'un gros gars efféminé qui se cale des joints, rie et parle beaucoup d'un anglais limpide qu'il nous dit avoir appris par le cinéma en VO, il dit aussi qu'il ne sait pas lire. Notre templier est là aussi, complètement ivre. Et puis les deux maîtres des lieux, deux mecs à l'air très doux, un peu embrumés par l'herbe, très beaux avec quelques rides. On se sent déjà chez nous dans ce lieu complètement improbable.

On discute, personne ne semble surpris de notre présence. On s'observe, ils musiquent, ils discutent en slovène ou en anglais, pour nous. On fini par nous servir des verres, nous vendre de l'herbe. Certains partent nous saluent, les autres restent. On demande du papier on se met à dessiner. De la musique croate sort maintenant d'un ordi. Merveilleuse. On ne pense plus à rien. Tout est simple. On discute encore, on rie, on fume, on boit jusqu'à deux ou trois heure. On commence à s'endormir alors on s'en va. On dit au revoir, on leur laisse nos dessins, ils nous invitent à une bouffe mercredi soir.

Mardi 8 février 2011 à 10:38


Parcourir mon monde en espérant grandir. Trouver quelque chose de nouveau. En espérant pouvoir choisir ensuite. Quelle vie mener. Ou quelque chose comme ça. Rester ou partir. Travailler ou pas. S'installer ou voguer. Avoir le choix. Prendre le temps d'avoir le choix. Se donner le temps de connaitre toutes les possibilités. Sans avoir peur de perdre son temps. Le gagner. Voir tout ou un peu de ce tout. Etre au monde. Naître.




Récolter des traces, des histoires, des impressions, des moments, des images et des sons. Grappiller d'autres idées, s'entendre dire qu'il existe quelque chose d'autre. Un autre monde. 



Dire que hier j'ai piqué une
boussole et elle est à la maison. Je n'ai
rien. Je suis libre. 
Encore heureux qu'on va vers l'été - Christiane Rochefort.

 

Mardi 8 février 2011 à 9:55

Marseille - juin 2010


Après avoir réalisé que je n'était pas à la bonne place, j'ai d'abord erré dans cette ville inconnue et puis je me suis assise à côté d'eux. Exprès. Je savais qu'ils viendraient me parler. ça na pas raté. Ils m'ont observée de loin, jaugée entre deux gorgées et puis l'un d'eux c'est approché l'air de rien, m'a demandé une cigarette, m'a demandé s'il pouvait la fumer avec moi. Et puis on a parlé. Je savais qu'il aurait envie de me parler. Dire tout et rien à une inconnue. Raconter sa vie en entier, avec les détails. Il l'a fait. Ensuite c'était mon tour. Comme un jeu. Donnant-donnant. J'ai parlé.

Ils l'ont rappelé pour finir la bouteille, il m'a conseillé un parc sympa et d'éviter le centre ville où "les blanches se font draguer pour les papiers". 

Je me suis promenée. C'est beau Marseille. J'ai vu une "livrothèque", j'y suis entrée, parce qu'il fallait que je fasse quelque chose de différent. Il m'a demandé si je cherchais quelque chose. J'ai dit non, qu'il pouvait me conseiller quelque chose peut-être. Alors on a parlé, il a sorti des livres. Il sentait l'alcool. Il c'est allumé une cigarette, m'a offert deux bouquins, vendu deux autres, conseillé dix autres, c'est engueulé avec sa femme, et puis je suis partie. 

J'ai marché, encore et encore. C'est beau Marseille. Tout à coup on sent l'air de la mer. Et puis plus rien. J'ai enfin trouvé un petit bar, tenu par une québecoise, avec une jolie terrasse, j'ai bu une bière, commencé Hadrien. Respiré fort. J'étais réparée. 

Lundi 7 février 2011 à 22:26



Il parait qu'il y a les hommes bien. Et puis les autres. Ceux qu'on peut aimer. Et puis les autres.









Mais que disent les hommes ?
Qu'il y a les femmes bien et puis les autres ? Celles qu'on peut aimer et puis les autres ?


On est rien que dans des cases. Des cases mal foutues. Qui nous font de l'ombre.




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