a-contre-courant

Perdue au hasard des mots.

Mercredi 30 novembre 2011 à 23:11

Je sais pas. Plus. Non pas que je ne sais plus non, je ne sais pas plus. Tant et si bien que je ne sais plus plus. Et pas moins. Je ne sais.

Il y a Où et comment et pourquoi et tout ce qui s'en suit.

Les jours d'enterrement ont une couleur d'à quoi bon, d'histoire qui n'en est pas une, de monde à faire, de vie à continuer, à changer, à ensoleiller, à aimer s'aimer. Comme des cons, s'aimer les uns les autres. Et ça parrait simple mais c'est une immensité aride. Ce sont ces jours qui rappellent les montagnes.
Ces jours qui envoient au tréfon de soi, se demander comment on va faire pour que notre vie est l'air d'avoir été quelque chose quand on sera mort. Quelles questions. Retour aux fondamentaux. 



Un vieux assis à sa table, dans le noir. Il pense. On dirait que c'est à ce qu'il n'a pas fait.

Une vielle, effondrée, c'est elle qui est morte en fait. Plus que le mort qui ne sait pas qu'il est mort. Elle, elle a l'impression que tout c'est arrêté, que la vie, la sienne, est finie. Elle est assise au milieu de nul part, devant la vitre du crématorium, derrière laquelle son mari brûle. Elle parle pour lui, elle répète des mots doux qu'on ne comprends pas. Qui ne sont plus pour personne. Elle chiale comme une enfant au milieu d'adultes qui se contiennent, se voilent la face, s'enveloppent d'un mur.


Un monde ouvert, fermé. 

Et mon souvenir de lui, celui qui me fait pleurer, c'était ce printemps.
Un après-midi avec Papa, on décide de faire un tour chez les vieux  - comme on les appelle, grand-oncle et grand-tante donc. Il vient de se faire opérer. Les jambes, comme toujours.  Avec Papa on décide de faire le tour par le petit chemin, comme ça il me montre un peu son enfance. Le ciel est bleu, la campagne silencieuse, discrète, douce comme elle l'est toujours au printemps. Et on marche sur le chemin et papa raconte et puis on les voit dans leur jardin. Lui, assis sur une chaise, en face des arbres fruitiers, elle debout sur un escabot, un sécateur géant à la main, à moitié cachée dans les branches. C'est lui qui sait tailler les arbres, alors il lui dit où couper et elle, elle coupe. Et ils ont tous les deux ce sourire qui n'appartient qu'à eux sur la gueule. Deux ados amusés d'avoir trop vieilli pour pouvoir se passer l'un de l'autre. Et avec Papa on reste un moment à les regarder, on a juste envie de rester là à regarder. On fini par les appeler mais y nous entendent pas. On rentre dans le jardin et ça les fait marrer de nous voir apparaitre comme ça, au milieu de cet après-midi. 

Après on rentre boire un coup et se raconter le monde. Ils appliquent au monde leur histoire. Ils sont agriculteurs, des paysans de la terre et ils voient à la télé l'ampleur de ce qu'il se passe. Ils ont une perception fantastique des évènements, ils voient ce qu'il y a à faire. Ils pensent l'importance du local, de la terre, ils comprennent la globalité. Ils sont vindicatifs dans l'âme, revendiquent et n'abdiquent pas, peu importe leur âge. Je leur raconte que je pars en Inde et ils en disent des choses. Et on cause, et on rie, et on se construit un futur. 

Aucun commentaire n'a encore été ajouté !
 

Ajouter un commentaire









Commentaire :








Votre adresse IP sera enregistrée pour des raisons de sécurité.
 

La discussion continue ailleurs...

Pour faire un rétrolien sur cet article :
http://a-contre-courant.cowblog.fr/trackback/3154149

 

<< Avant | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | Après >>

Créer un podcast