5 mai - Bengalore
Petites boutiques de tout et de rien qui sont partout, autour de la gare, marchands ambulants, qui vendent des fruits sur des espèces de charriots fabriqués avec un grand plateau et des roues de vélo, il y a plein de gens assis par terre dans la rue, des choses de toutes les couleurs partout.
On prends le bus à 11heure [pour Hampi, notre première destination], pm. A la gare on se prends un bon bain de foule, et de bus. Des bus en tous genres, des gens partout, qui courent, beaucoup assis par terre, attendant. Nos sacs pèsent, les contrôleurs en ont assez de nous voir courir en tout sens à la recherche d'un bus qui n'arrivera qu'en retard, ils nous poussent, nous disent d'attendre là, ou quelque part !
Je suis tout à coup obligée de me dépêtrer de ma timidité dans le bordel de la gare. Demander, suivre, sourire. ça dure une heure peut-être. On flippe de ne jamais trouver notre bus. On croise un américain et un espagnol aussi pommés que nous dans cette nuée mécanique et humaine.Un type nous saute dessus et nous pousse dans un bus : c'est le notre. Merci !
Dans le bus : seules femmes, seules blanches : il faudra s'y habituer.
Après les embouteillages on quitte l'immense Bengalore par une deux fois trois voies avec des petites cabanes au bord et leurs habitants devant, sur des bancs ou accroupis par terre. Les cabanes se font de plus en plus rares, les voitures aussi, la route devient moins large, les lampadaires sont de plus en plus clairsemés et petit à petit on ne croise plus qu'une longue file de camions, multicolores. De temps en temps on fait étape dans des petits regroupements de baraques, les lampadaires sont des néons en haut d'un poteau en bois, il n'y a que des hommes partout, ils mangent devant les cabanes, fument, suent, rient ou dorment à même le sol. L'atmosphère est plutôt glauque.
Après c'est déjà le matin, il fait moins noir et je me rends compte qu'à regarder je n'ai pas dormi. La route est petite maintenant, elle traverse des bidonvilles qui fourmillent déjà. Des gens marchent le long des routes, sortent des fourrés, vont chercher de l'eau ou se brossent les dents et se lavent dans des flaques dégueu. Derrière eux, un paysage magnifique, perturbé seulement par d'immenses usines.