a-contre-courant

Perdue au hasard des mots.

Jeudi 28 juillet 2011 à 22:29


Se laisser avoir
Se laisser prendre
Et rien donner en échange rien
Ne pas avoir la force pour plus
Faire semblant que ça nous va bien
Y croire même.
Y croire plus qu'à tout le reste.
Avoir la force de s'inventer les histoires qu'on aurait voulu
Ne plus avoir la force
Plus aucune force
Lacher prise et comprendre enfin
Pleurer, pleurer.
Aimer sans comprendre
On c'est aimés c'est sûr
En se faisant mal
En se marchant dessus
L'un sur l'autre sans faire attention
A rien d'autre qu'au plaisir
Mais pas celui de l'autre.
Chacun le sien
En ligne droite et sans regarder
ça fait mal putin c'que ça fait mal de tomber
Ne pas oublier
Ne rien oublier
De ce qui a été beau
Forcément beau.
ce qui a existé
Les faits, les poussières arides sur le sol nu
Les brulures au corps
Les caresses amoureuses.

 

Lundi 25 juillet 2011 à 13:26

Ouvrir les derniers cartons. 
Retrouver tout ce qu'on avait laissé de côté pendant une année.
Les casseroles et les classeurs. 

Avoir un boulot, s'inscrire à la fac, prendre des engagements.
Et réaliser qu'on ne pourra plus bouger.
Qu'il va falloir bouger en soi-même pour ne pas perdre la tête.
Fixer l'objectif pour ne pas penser qu'on est immobile.
Inventer des simulacres pour découvrir et faire. Ici. 

Voir les copains. 
Ceux qui s'en vont. Ceux qui restent.
Envier certains, retrouver les autres.




Jetez un oeil dans vos oreilles >> Voyage immobile - Hocus Pocus.

Samedi 23 juillet 2011 à 0:27

 

5 mai - Bengalore

Petites boutiques de tout et de rien qui sont partout, autour de la gare, marchands ambulants, qui vendent des fruits sur des espèces de charriots fabriqués avec un grand plateau et des roues de vélo, il y a plein de gens assis par terre dans la rue, des choses de toutes les couleurs partout.


On prends le bus à 11heure [pour Hampi, notre première destination], pm. A la gare on se prends un bon bain de foule, et de bus. Des bus en tous genres, des gens partout, qui courent, beaucoup assis par terre, attendant. Nos sacs pèsent, les contrôleurs en ont assez de nous voir courir en tout sens à la recherche d'un bus qui n'arrivera qu'en retard, ils nous poussent, nous disent d'attendre là, ou quelque part !
Je suis tout à coup obligée de me dépêtrer de ma timidité dans le bordel de la gare. Demander, suivre, sourire.  ça dure une heure peut-être. On flippe de ne jamais trouver notre bus.  On croise un américain et un espagnol aussi pommés que nous dans cette nuée mécanique et humaine.Un type nous saute dessus et nous pousse dans un bus : c'est le notre. Merci !

Dans le bus : seules femmes, seules blanches : il faudra s'y habituer.

Après les embouteillages on quitte l'immense Bengalore par une deux fois trois voies avec des petites cabanes au bord et leurs habitants devant, sur des bancs ou accroupis par terre. Les cabanes se font de plus en plus rares, les voitures aussi, la route devient moins large, les lampadaires sont de plus en plus clairsemés et petit à petit on ne croise plus qu'une longue file de camions, multicolores. De temps en temps on fait étape dans des petits regroupements de baraques, les lampadaires sont des néons en haut d'un poteau en bois, il n'y a que des hommes partout, ils mangent devant les cabanes, fument, suent, rient ou dorment à même le sol. L'atmosphère est plutôt glauque.

Après c'est déjà le matin, il fait moins noir et je me rends compte qu'à regarder je n'ai pas dormi. La route est petite maintenant, elle traverse des bidonvilles qui fourmillent déjà. Des gens marchent le long des routes, sortent des fourrés, vont chercher de l'eau ou se brossent les dents et se lavent dans des flaques dégueu. Derrière eux, un paysage magnifique, perturbé seulement par d'immenses usines.




Samedi 23 juillet 2011 à 0:07

 

4 mai - Bengalore

Mendiante. Vielle et belle, le regard suppliant. Pendue à mon bras. Je reste figée, perdue, incapable de quoi que ce soit d'autre que d'observer dans ce monde qui m'est inconnu. Céline guette ma réaction, l'air de dire, c'est à toi de savoir quoi faire, comme une maman qui apprends à son enfant à se débrouiller à la boulangerie. Je suis l'enfant, je ne sais pas, je sais plus rien tout à coup. On s'en va et elle me retient par le bras. Je m'extirpe doucement.


Je n'ai pas encore pris de photos. Je suis comme éblouie, stoïque, incapable de décider quoi garder de tout ça, quoi laisser, je préfère ne rien prendre.



[le soir pour libérer mon esprit pomé on m'embarque dans une boîte branchée, en centre ville, au programme dubstep, cocktails et trémoussage] Breath, breath, breath, boum, boooouuuum. Mes yeux piquent de pollution, de fatigue, d'anti-moustique, de weed, d'air climatisé.


http://a-contre-courant.cowblog.fr/images/1905Bengalore7.jpg
Bengalore - 19 mai 2011 - AlX

Vendredi 22 juillet 2011 à 23:57

1er mai - France

La France traversée du sud au nord, en ligne droite, j'attends, je me demande où va commencer le voyage. L'exotisme. Tout est ici tranquille, rangé, dans un instantané aseptisé, décors immobile car survolé.



2 mai - Abu Dhabi

A Abu Dhabi ça commence. Les gens semblent peupler un décors, laid, embrumé dans une châleur assomante. Mon corps sue. J'attends demain avec la plus grande impatience, épuisée. Déjà.

Il doit faire 40°C on dirait le sauna sauf qu'en plus on est habillés. La ville semble peuplée uniquement d'hommes de chantier, par dizaines, de jardiniers, par dizaines, fourmis ouvrières de ce monde artificiel. Ils travaillent tout doucement sous la cagnard, assis à désherber ou en train de se reposer sous un palmier. En arrivant en avion on voit des îlots de sable, dans la mer, et dessus une foule d'arbres d'un vert grisâtre. J'ai mis un moment avant d'oser prendre un taxi. Jamais pris de taxi moi. Il était 7h du matin, il faisait encore frais, tout juste 25°C. Une fois dedans, je ne comprenais rien. Presque rien. Et maintenant la chaleur m'écrase, je veux me plonger dans un baquet d'eau glacée. La chaleur ajoutée à la fatigue me fait planer, mon corps est en train de s'évaporer. Tout est nikel. Il y a des balayeurs plein l'aéroport, des ramasseurs de poubelle à chapeau de cowboy et tout un tas d'autres types sensés nettoyer. La ville est comme un jeu de construction, partout travaux en cours, ils mangent sur la mer, créent des parcs verdoyants, des plages, des centres commerciaux.



3 mai - Bengalore

A l'aéroport : pas de Céline. Un brin angoissée mais trop dans les vapes pour y penser. Il fait pas chaud mais terriblement humide. Il est 5h du matin. Il y a une petite foule pressée qui attends des voyageurs derrière une barrière. Les chauffeurs de taxi klaxonnent pour happer le client. Moi je tourne, ouvre grand les yeux, fini par m'asseoir pour mieux regarder sans que ma tête ne tombe. J'oublie le temps qui passe tant il y a déjà à regarder. Céline arrive enfin.

Dans le taxi je me dit que je suis plus sur le nuage mais dedans.

[Je suis épuisée mais mes yeux restent ouverts complêtement éblouis par la différence entre mon monde et celui là]


 

[Le soir on sort dans un pub aux allures étranges et au retour]

Dans le rickshaw Céline s'endort. Moi je regarde la nuit qui est pleine. Pleine de lumières, pleine de couleurs, de gens qui marchent le long de la route ou gardent des maisons, autour d'un feu de caoutchouc.

 

[Je suis là et je n'y croit pas. Pas encore.]



Dimanche 17 juillet 2011 à 22:34

Sur papier glacé il y avait toute sa vie, écrite. Mais il avait beau regarder, ses yeux faisaient des trous dans le papier et ça le rendait complêtement miron.

Il essayait de crier et puis ça revenait à pisser dans un violon parce que les mots sortaient mélangés. A cause des trous, ça va sans dire. Et après il essayait de pleurer, aussi, pour voir, comme une tentative inespérée. Mais là aussi le résultat était plutôt minable et ça le démangeait alors il se mettait à courir. Parce que ça, ça marchait drôlement. Et plus que de le dire. ça faisait penser à sa mère qu'il était cinglé mais lui il pouvait pas en entendre parler.

Parce que ses oreilles, aussi, elles étaient bouchées. On dit aussi, parce qu'y avait d'abord ses yeux qui ne voyaient rien, aveuglés par le papier glacé puis sa bouche a qui le même papier troué avait accordé le droit de se taire.

Enfin ! Heureusement qu'il avait son nez. 
D'ailleurs ça se voyait qu'il y tenait beaucoup - à son nez - parce que sans cesse on voyait ses narines rire. Et elles riaient parce que rien de pire n'arrivait et ça c'était plutôt réconfortant.

Dimanche 17 juillet 2011 à 22:24


Perdus,   absurdement. 
 

Quelque part où l'on ne se retrouvera pas.
Forcément.



Sinon, c'eût-été trop beau.
                                       


C'eût-été trop grand.
C'eût-été.
Pas vraiment aujourd'hui,                                          [ ni demain ]].
Et maintenant.

 

Ce serait plus.
 


D'ailleurs ce n'est pas vraiment.


C'est peut-être juste                                   [ juste ! ]]

un étalement de bonnes choses,
d'instants fragiles et doux


qui seront là,
longtemps, toujours.                                             [ encore ]]

Et qu'importe leur vérité,
Leur sens.
Ils ont existé.                                                              [ pas oubliés ]].


On prend notre souffle. 
On se serre fort et on quitte le navire.

En pleine mer.                                                       [ en pleine mer ! ]]


Parce qu'on est devenus des oiseaux.
Volatiles usés.

Trouillards.                                [ après avoir quitté le hublot. ]]


Chacun pour soi la route est longue,
nourrie d'images, ensoleillées.



                                                                                                    [ multitude
                                                                                          photographiée. ]]
 

Lundi 4 juillet 2011 à 0:41

Ils sont assis par terre. Et sur le banc. Quatre ou cinq.

Il y a une petite jeune femme discrète qui n'est assise que sur une fesse, au bord du banc. On découvre après qu'elle a une fille qui doit avoir à tout casser sept ans. Et puis un mari, qui était allé faire des courses. Et un petit môme qui doit même pas avoir deux ans et qui veut absolument bouffer un kinder. Elle a des yeux bleus, petits, perçants et les cheveux très courts avec balayage blond, vous savez, la coupe et la couleur qui étaient à la mode y a une dizaine d'années. Enfin il se trouve qu'à elle ça va bien. Elle porte un T-shirt rose qui lui va au tein et un bas de survet un peu pourav' genre la femme qui a passé la journée chez elle et qui sort tchatcher un peu avec les voisins, à la fraîcheur du soir. 

A côté d'elle une rondelette, du même âge, un peu bimbo devenue maman, décolleté plongeant sur ses seins de maman, yeux soulignés d'un trait noir, une couche de mascara, une masse de cheveux noirs qui lui encadrent la tête avec un air de pas y toucher, le regard pétillant et le rire facile mais vrai. Elle est au milieu du banc, entre son mari et la grignette. Et elle sait jamais trop vers lequel se tourner mais son mari fini par la prendre contre lui, comme pour lui éviter de choisir. Lui il a l'air franchement beauf' mais c'est juste parce qu'il porte un t-shirt aux couleurs de l'équipe de France de foot puis le short qui va avec et les baskets aussi et qu'il a un petit bide de bière. Il dit pas grand chose mais souri aussi puis jette des regards à sa femme qui veulent dire qu'il la croquerait bien comme une pomme bien rouge.

Puis derrière le banc - ce qui oblige les trois autres à se retourner sans cesse -, assis sur le rebord du trottoir, y a un gars qu'on sait pas trop qui c'est puis apparement il aurait bien envie d'partir mais il attends quelqu'un ou quelque chose et il regarde toujours son portable, tourne ses clés dans sa main. Et puis il a un peu l'air de se dire qu'on est des bourgeoises, intellos, puis qu'est ce qu'on vient foutre là d'abord exactement ? Il est petit rond avec l'air de celui qui aurait préféré être grand et imposant, mais au final ça le rend sympa, son physique, parce qu'on dirait qu'il a compensé, qu'il c'est empressé de devenir jovial et un brin bout-en-train pour qu'on oublie sa carure. Il nous taquine un peu, comme il fait avec tout le monde, et les autres le charient aussi.

A côté de lui y a Christine, Christine c'est celle dont tout le monde retiens le prénom, y en a toujours une. Une qui à l'air sympa, qui parle franco et un peu fort, qui connait tout le monde et a l'art de comprendre chacun illico et donc de toujours savoir comment être avec qui, que dire et quand fermer sa gueule et poser les bonnes questions et faire les bonnes blagues. Du coup c'est celle que tout le monde apprécie. Bref, elle est ronde, son bide et ses gros seins serrés dans une chemise violette. Les cheveux bruns et courts, parce que c'est plus pratique. On sait qu'elle a trois enfants, parce qu'on les a vus mais si on l'écoute elle a au moins une fille en plus. Ou un fils. Je m'demande si il fait pas l'aamrée d'ailleur... à moins que j'ai bêtement confondu les personnages ! Ses enfants sont splendides. Une fille qui doit avoir sept ans, aux cheveux crépus, peau dorée et des grands yeux qui regardent sans cesse et deux fils dont le plus grand, surement quatorze ans, se pointe avec son visage d'ange et éblouis tout le monde d'un grand bonjour de fils modèle. Elle nous explique des trucs et se moque un peu quand on à l'air trop inquiètes puis elle gère tout un tas de conversations à la fois.

De temps en temps les gosses se pointent, réclament un truc ou demandent de quoi on parle alors ils font une vanne pour pas qu'ils comprennent mais pas qu'ils se vexent non plus et en même temps ça crée une chouette complicité entre les adultes. Les gamins comprennent qu'ils feraient mieux de foutre le camps et s'il ne comprennent pas on les réexpédie illico au toboggan parce que là, c'est le moment où les grands font comme quand ils avaient pas d'enfants !

Vendredi 1er juillet 2011 à 10:25

La prochaine fois    j'f'rai pas comme ça. 
La prochaine fois    j's'rai pas vraiment là.
La prochaine fois    j'dirai pas ça. 
La prochaine fois    tu m'parleras pas comme ça.
La prochaine fois    blablabla.
La prochaine fois    y fera pas si froid.
La prochaine fois    je t'y laisserai pas 
La prochaine fois    on aura le temps de dire.
                             Celui de sourire et de rougir.


La prochaine fois. 
Inch'Allah.

Jeudi 30 juin 2011 à 10:02

 
On n'entreprend rien, certes, si ce n'est contre le gré de tous. Et, depuis quelques années, nous avions dû nous accoutumer au murmure des voix décourageantes. Nous avons entendu les avertissements ironiques des gens de métier auxquels la vie n'a rien laissé que leur stérile expérience, les prévisions pessimistes des timides et des sceptiques, les conseils des satisfaits enclins à prôner l'excellence des divertissements dont ils se repaissent, les remontrances des amis sincèrement émus de nous voir hasarder toutes nos forces à la poursuite d'une chimère. Mais les mots n'ont point de prise sur qui s'est délibérement sacrifié àune idée, et prétend la servir. Par bonheur nous avons atteint l'âge d'homme sans désespérer de rien. A des réalités détestées, nous opposons un désir, une aspiration, une volonté. Nous avons pour nous cette chimère, nous portons en nous cette illusion qui nous donne le courage et la joie d'entreprendre. Et si l'on veut que nous nommions plus clairement le sentiment qui nous anime la passion qui nous pousse, nous contraint, nous oblige, à laquelle il faut que nous cédions enfin: c'est l'indignation.
Puisque nous sommes jeunes encore, puisque nous avons conscience du but et des moyens pratiques pour y atteindre, n'hésitons pas. Que rien ne nous détourne plus. Laissons là les activités secondaires. Mettons nous d'un seul coup en face de notre tâche. Il la faut attaquer à pied d'oeuvre. Elle est vaste et sera laborieuse. Nous ne nous flattons guère de la mener à bout. D'autres que nous, peut être, achèveront  l'édifice.
Essayons au moins de former ce petit noyau d'où rayonnera la vie, autour duquel l'avenir fera ses grands apports.


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