a-contre-courant

Perdue au hasard des mots.

Vendredi 21 octobre 2011 à 18:44

Perdues les raisons.
Perdue.
Pas envie de faire ça.
De cette vie là.
Pas envie de regarder la neige tomber sur cette ville.
La morosité ambiante. A regarder sans cesse.
Comme si elle c'était endormie, la ville. La vie.
Et avec elle ses miliers de plaisirs.
Evanouis sous des seaux.
Des sauts d'eau glacée.
Qui ne tombent pas sur mon crane.
Mais sur mes cheveux, repoussés.
L'histoire à peine commencée.
Les idées perdues, dans le vide.
Dans le vent froid qui nous souffle.
Souffle sur nous comme sur les vaches muettes, aglutinées dans le coin d'un pré.



 

Samedi 15 octobre 2011 à 1:00

 **     L'horreur de notre monde c'est qu'il s'applique à fabriquer des gens horrifiés.






Mais on savait rien de plus, on voulait pas vraiment savoir. Pas du tout en fait. 

Que c'était pas vraiment vrai.
Qu'on avait juste envie que ça le devienne. 
Pour faire comme tout le monde. Seulement pour ça. Pour que ça ai l'air d'avoir un sens. Du sens.

D'être digne de la réalité.
Quelle réalité ? Si elle n'était pas la notre quel sens aurait-elle bien pu avoir ?



On essayait juste de l'inventer, pour qu'elle nous tienne chaud. Et ça a marché, pour un moment. 



Après, on c'est perdus dans la réalité qu'on avait inventée 

Alors là, seulement, on a cessé d'y réfléchir. On a compris que c'était réel. On avait inventé notre réalité et ça nous collait sous les pieds. On avait plus rien à perdre ou à gagner. On s'en foutait, on existait. On s'inventait, Sans faire exprès. 

Samedi 15 octobre 2011 à 0:45

C'est marant, tous les ans ça me fait la même chose. Deux ! Il en a fallu deux. Hahaa j'en pleure de rire, j'en pleure de souvenir. ça m'pince au coeur, plus pour les mêmes raisons. Juste un sentiment étrange, un souvenir. Juste ça. 

Samedi 15 octobre 2011 à 0:20

http://a-contre-courant.cowblog.fr/images/P1130135.jpg? - London - AlX


Aux yeux de ceux
Qui sont partis,
Décollés dans les nuages
Les narines grandes ouvertes pour sniffer l'odeur de nos vies,
On doit juste avoir l'air de fourmies. 

Samedi 15 octobre 2011 à 0:14

C'était hier,


non,
lundi. Mardi peut-être.

Comment ça t'étais pas là ? 
Haa oui moi non plus. 




Non tu dois
avoir raison. 

A demain alors.

Non demain t'es pas là



oui
oui
c'est vrai. 



Alors jeudi ? 
Peut-être plutôt vendredi ?





NOn
non
j'comprends, oui oui tu m'avais raconté mais tu sais,

enfin bref on en rediscute ..


mardi. Vendredi.
Oui oui vendredi.
Allez ciao.
Bisous, 


Bisous, ciao.

Dimanche 9 octobre 2011 à 19:10



 
http://a-contre-courant.cowblog.fr/images/1609Madeleine26.jpgLyon - Septembre 2011 - AlX


C'est étrange. Ne pas finir l'histoire. En commencer une autre. Abandonner le premier bouquin parce qu'il devenait ennuyeux, fermer les yeux et tourner des pages, sans les regarder. Sans les comprendre. Tourner, tourner, jusqu'à en trouver une importante. Qui les expliques toutes. 


http://a-contre-courant.cowblog.fr/images/1609Madeleine29.jpgVus d'ici - Lyon - Septembre 2011 - AlX


http://a-contre-courant.cowblog.fr/images/1609Madeleine33-copie-1.jpgLa fermeture - Lyon - Septembre 2011 - AlX

 

Dimanche 9 octobre 2011 à 16:47



J'essaie de leur courrir après, les amis.
Pas le temps, pas l'envie.
La fatigue, les jours trop longs, trops courts, toujours trop courts.
Pour travailler assez pour travailler.
Pour s'imbiber assez pour s'abîmer.
Donner, donner, c'est donner.
Essayer !
Tout ce qu'on voudrait.
A tous ceux qu'on aimerait.


Pas le temps,
putain,
pas le temps
de
poser les pieds ailleurs
que sur mon canapé.  


Samedi 8 octobre 2011 à 17:07

"Un type gueule aussi fort qu'il peut. 

Il est saoul, il est fou.

Pas un instant il n'a imaginé que vous alliez l'entendre.
D'où on est, ici, et par les temps de générosité et de solidarité


qui courent,
au moins remet il en cause



sa condition d'existance."

Daniel Mermet - Là-bas si j'y suis

Mardi 27 septembre 2011 à 22:43

Quotidien incensé.
Brouillé ou emmelé.
L'écrire, le réécrire, un nouveau chaque jour.
Lui donner du sens, le rêver, l'oublier.

Et peut-être, le dire, le redire, jusqu'à trouver les mots. 
Les bons mots.
 

Vendredi 23 septembre 2011 à 18:58

10 mai - le bus, la gare, le train.
 
On prend le local bus, direction Hubli. Trois heures de tape cul pour rallier la gare. Hubli c'est une ville plutôt grande, plutôt pourrie, genre publicités immenses partout, grosses baraques, immeubles pas finis et bidonvilles, une circulation horrible, un max de pollution. On prend un rickshaw pour rallier la gare : on respire les gaz d'échappement à plein nez dans les embouteillages immenses, on se fait percer les tympans par les klaxons incessants.

La gare est dans un quartier calme en apparence mais en fait c'est aussi le coin des bars et revendeurs d'alcool donc des ivrognes, il y a du passage dans tous les sens, des gens qui attendent, pas un poil de verdure. 

On se pose devant la gare, assises par terre, appuyées sur nos énormes sacs à dos et je commence à me rouler une clope. Un gars se ramène, la vingtaine : "Hey, hey, what do you smoooke ?" etc. Il est illico rejoint par ses potes puis toute une foule d'autres mecs. On se retrouve vite encerclées par une dizaine de mecs, debout autour de nous, surexcités de voir une fille blanche (!) fumer (!), dans la rue (!), un joint (!). On se casse illico et je fume en scred. Les pères de famille me regardent comme une junkie, les jeunes comme si j'étais une pute. J'apprends par l'exemple qu'il est déconseillé de fumer dans la rue, surtout quand on est une meuf, même une blanche.


On fini par se rassoir par terre, on est épuisées il faut dire. Assise pas loin, il y a une petite mamie, en plein milieu. Les gens passent autour d'elle sans la voir. Elle fouille dans des sacs en plastique qu'elle a tout autour d'elle, elle remonte les pans de son sari, se tripote les cheveux, perdue et embrumée. Je la regarde comme un spectacle, parce que je me sent spectatrice, comme devant un tableau qui m'interpelle mais dans lequel je n'peux pas entrer. Cette étrange sensation me fait enfin sentir que je suis en Inde, loin de chez moi, spectatrice dans un monde qui n'est pas le mien. Un monde dans lequel je n'peux agir, dans lequel j'ai peur d'agir, de prendre position. Je crains de faire des erreurs, de déplacer ce qu'il ne faudrait pas. Et cette mamie est là, perdue elle aussi dans un monde qui ne semble pas la reconnaître. Et on ne peut pas l'aider. On se sent comme dans un voyage dans le temps, où il est interdit de modifier quoi que ce soit sous peine de bousiller le futur. La mamie pose sa tête sur son sac et semble s'endormir. Personne ne la voit, un troupeau continu passe autour d'elle comme autour d'un objet. Il faudrait la prendre par le bras, la raccompagner chez elle. Y a-t-il quelque part qui soit chez elle ? Une femme balaie autour d'elle. On reste là à la regarder, Céline filme, elle voudrait faire quelque chose. Que peut-on ?

On fini par trouver la force de partir, impuissantes. On va au premier bouiboui, très sale. On bouffe des beignets délicieux. Le serveur est beau, on se regarde et j'aimerai me pelotonner contre cette masse solide parce que je sent les larmes monter et je me doit de les retenir. ça y est ! Je suis en Inde ! à des milliers de kilomètres, quelque part au milieu de la misère, riche, innocente, impuissante. Qu'est ce que je fais là ? De quel droit je viens m'immiscer dans ce monde ?



Assises dans la gare on attends encore trois heures. Beaucoup de gens dorment à même le sol, parfaitement balayé. Certains mangent dans une tambouille le repas qu'ils ont amené, d'autres discutent. Une famille arrive : la mère, la grand-mère et trois enfants. Ils posent une tenture au sol, y posent leurs bagages sur le pourtour, quittent leurs chaussures et la petite fille les range sous la toile. Ils entrent alors sur la tenture comme dans une maison : pieds nus. Ils se couchent, la mère fait de l'air aux enfants en agitant un tissus, la grand-mère s'endort. Tout est calme. L'attente.

Dehors, sur les quais, la même attente. Les trains sont immenses, font un boucan d'enfer. Il y a des gens qui traversent les voies, courent après les trains, transportent des montagnes de bagages, dorment à même le sol, mangent, pissent, rient, boivent, tout ! 


Epuisées, on s'endort à peine installées sur nos couchettes, malgré la saleté et le tactac du train. Au petit matin on traverse la jungle, il fait horriblement moite. Dans le train les odeurs se mêlent, on se sent sales de notre sueur, de la pollution, de la gare et du train, d'avoir dormi à même le simili ou d'autres avant avaient dormi, tellement d'autres.

 

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